Le secteur CPE du SNES-FSU Normandie a effectué une enquête en ligne auprès de ses adhérents sur les conditions de travail des CPE et de la vie scolaire face à l’épidémie de COVID. Nous avons recueilli des réponses édifiantes de la part des CPE normands.

Déjà depuis le début de cette crise, nous avons tou.te.s appris progressivement à faire plus, avec moins. C’est une constante dans un ministère qui a tendance à rogner partout où il peut, au détriment des conditions de travail de ses agents. Mais à force de tirer sur la corde, il est bien possible qu’elle finisse par craquer. Déjà elle s’effiloche…

Près de 80% des CPE sont concernés par le "tracing" des cas positifs et contact

Notre enquête révèle que dans les établissements, la charge de travail sur le tracing, les déclarations et les communications aux familles est assurée à 80% par les CPE, 66% par les infirmières et dans la même proportion par les AED.
Pour un tiers des CPE, cette tâche occupe plus de la moitié de leur temps de travail, et plus de 75% pour un autre tiers. Il est à pointer particulièrement le manque d’infirmières et de médecins scolaires dans les établissements qui pénalisent fortement les CPE, qui avec les AED sont les premiers à répondre directement aux parents.
Pour ce collègue : « La gestion liée au Covid occupe une grande partie de notre temps : appels aux familles des cas contacts, explications sur les règles sanitaires, retours d’élèves, vérification des documents sanitaires des élèves de retour d’isolement ou de test… »

95 % des établissements remontés font face à des absences non remplacées

Nous avons demandé à nos collègues s’ils faisaient face à des absences pour cause de COVID et si celles-ci avaient fait l’objet d’un remplacement.
Seuls 5% des établissements sondés déclarent que les équipes sont au complet ou majoritairement remplacés. 75% des établissements ont connu des absences de professeurs non remplacés, 75% également ont connu des absences non remplacées d’AED.

Les mots du terrain

Les conditions de travail de nos collègues sont de fait très amplement dégradées. Avec les consignes qui se suivent et ne se ressemblent pas, annoncées dans les médias sans aucune descente par le canal officiel. Tout est flou pour tout le monde, parents et personnels. un collègue dit : « les familles ont des informations erronées ou incomplètes, ou incomprises. Les relations école/famille se tendent : agressivité des parents. La vie scolaire en fait les frais. »
Les collègues relèvent tant d’incohérences dans les protocoles. Un exemple : « le protocole ne tient plus compte des cas intra familiaux il sont relégués au même titre que les cas contact classiques or certains élèves reviennent en cours et sont positifs à J+4 ! ce qui augmente le tracing , les cas... ».
De fait, nous n’avons plus le temps de nous consacrer au cœur de notre métier : le suivi des élèves. Les imprévus prennent le pas sur le quotidien, comme cette personne qui nous décrit des conditions de travail « épuisantes, pas de temps pour le suivi individuel des élèves, pas de temps pour la mise en place de projet ».
De nombreux collègues nous font part d’une augmentation de l’anxiété : « de plus en plus d’élèves et de personnels ne vont pas bien dans ce climat plus qu’anxiogène ». Nous avons tous déjà vu une forte augmentation du nombre de dépressions ou d’élèves nécessitant un suivi psychologique dans les établissements. Les collègues CPE sont aussi dans la tourmente et certains ont du être arrêtés face à un lourd épuisement professionnel.

8% des collègues trouvent le mode de fonctionnement actuel adéquat
Nous avons interrogé les collègues CPE sur les aménagements à mettre en place pour faire face à la vague épidémique en cours. 65% d’entre eux souhaitent une courte période de classe à la maison, 47% souhaiteraient le retour aux demi-jauges.

Que demandent les CPE ?

Les CPE demandent avant tout du respect pour les personnels de l’Éducation Nationale : cela passe par communiquer « en premier lieu à ces professionnels tout changement de protocole. » Faire appliquer des consignes nationales à un contexte local demande parfois du temps : comment faire appliquer la procédure, par quel personnel, analyser et expliciter aux équipes les protocoles… Ils demandent aussi du temps pour réfléchir, s’organiser, et pour accompagner les familles.
Globalement il y a exaspération face à un ministère qui n’écoute pas, ne regarde pas, comme l’estime ce collègue qui exprime qu’il faut « partir de données de la base avant de pondre des protocoles au dernier moment, s’appuyer sur l’expertise de l’ensemble des acteurs des établissements et pas seulement des énarques ou d’un conseil scientifique. » Nos collègues pointent les salaires, qui ne sont plus du tout attractifs par rapport à un métier de plus en plus épuisant.

Ils demandent :

  • des moyens matériels :
     Les masques chirurgicaux qui ne sont toujours pas arrivés alors qu’il serait désormais nécessaire d’avoir des FFP2.
     Les purificateurs d’air, qui font débat dans l’assemblée mais ne sont toujours pas envisagés.
  • Des moyens humains :
     Une brigade de remplacement des AED qui permette de remplacer au pied levé alors qu’il est impossible de faire un processus de recrutement en plus de nos taches.
     Des infirmières à temps plein dans les établissements
     Un vrai vivier de remplaçants pour éviter les absences de professeurs qui perturbent les apprentissages et l’organisation des établissements
  • Le respect de la part de M. Blanquer avec :
     Une annonce en avance des protocoles qui seront mis en place
     L’écoute des données et appréciations du terrain
     De la clarté sur les mesures prononcées
  • La reconnaissance de la pénibilité du métier, et de notre mission dans la crise sanitaire avec :
     Une revalorisation des salaires des CPE, des AED
     L’attribution d’une prime exceptionnelle COVID pour les infirmières, AED et CPE.

La FSU appelle à poursuivre la mobilisation par la grève le 27 janvier. La section académique du SNES-FSU dispose d’une caisse de grève pour venir en aide aux collègues les plus précaires (non titulaires, AED, AESH...) afin que l’argument financier ne soit pas un frein à la grève. Contactez-nous pour plus de renseignements.