15 novembre 2020

Actualités

Crise sanitaire dans les lycées : comment l’impréparation gouvernementale renforce encore les inégalités !

Une gestion à très court terme aux effets délétères

La « gestion » de la crise sanitaire que nous vivons, à coup de demi-mesures gouvernementales dont la cohérence nous échappe, est calamiteuse.
Depuis la rentrée de septembre, les propos du ministre Blanquer se gargarisant de la mise en œuvre réussie d’un protocole sanitaire renforcé, étaient bien éloignés de la réalité du terrain, dénoncée par le SNES-FSU. La distanciation physique ne pouvait être respectée dans les salles de classe ; leur ventilation était compliquée ; la limitation du brassage des élèves, impossible du fait même de l’application de la réforme Blanquer…

« Le plan de continuité pédagogique » élaboré afin d’assurer la sécurité des élèves et des personnels et dont la situation 1 prévoit une réduction du nombre d’élèves accueillis simultanément, n’était donc pas respecté.

Mis face à ses contradictions, devant les photographies des lycéens se pressant dans les locaux de leur établissement (notamment à la restauration scolaire) relayées par les réseaux sociaux (ou est-ce après la suspicion de mensonges concernant les données chiffrées de contamination des élèves ?), le ministre a révisé sa copie à la rentrée des vacances d’automne.

Une organisation renvoyée au local très inégalitaire

JM Blanquer s’est donc fendu d’une série de communications écrites, en direction des proviseur-es, des enseignant-es et des lycéen-nes le jeudi 5 novembre assortie, le lendemain, de la publication par la DGESCO d’une circulaire précisant les modalités d’organisation des lycées face à la situation sanitaire.

Alors que le SNES-FSU n’a cessé de réclamer, l’été dernier, la prise en considération de la prévision scientifique de la seconde vague de l’épidémie afin de préparer l’organisation d’une rentrée prenant véritablement en compte les contraintes sanitaires (embauche de personnels, achat de matériels…) rien n’a été anticipé, aucune conséquence n’étant tirée du premier confinement. Chaque lycée bricole (ou non) dans son coin afin de limiter le nombre d’élèves dans l’établissement : présence des lycéens un jour sur deux, ou une semaine sur deux, deux niveaux sur trois… Cette situation renforce les inégalités scolaires et sociales : les établissements qui accueillent des élèves privilégiés organisent de nombreux cours en présentiel (gage de réussite dans les apprentissages) tandis que les autres établissements essayent de garder le contact avec leurs élèves. Par ailleurs, la circulation du virus est plus active dans les milieux défavorisés (familles où le télétravail est impossible, promiscuité des habitats, retards dans l’accès aux soins…).

Un enseignement en mode « hybride » dangereux

Aux chef-fes évoquant La circulaire de la DGESCO du 6/11/2020 qui stipule que « les professeurs assurent effectivement la continuité pédagogique pour les élèves qui sont à distance, à due proportion de la quotité horaire de leur discipline, dans le cadre de classes virtuelles et de travail en autonomie », il ne faut pas s’empêcher de rappeler que nous sommes tenus de remplir nos ORS (15h ou 18h hebdomadaires) et de renseigner le cahier de textes numérique.
La façon dont nous gérons nos progressions relève de notre liberté pédagogique, et il ne saurait être question de faire deux journées de travail – présentielle et distancielle – en une. Par ailleurs, nous sommes toujours en attente de la prise en charge de notre équipement informatique par l’institution.

Un calendrier du bac intenable

Enfin, ces annonces précipitées et tardives concernant l’organisation des enseignements, ne viennent pas corriger les problèmes de fond générés par la réforme des lycées.
Si les trois évaluations communes de première et de terminale sont annulées en 2020-2021, les programmes n’ont pas été allégés, le calendrier des épreuves de spécialités et des évaluations des compétences expérimentales prévues en mars, n’a pas été modifié.
Le maintien de ce calendrier, déjà intenable en temps normal du fait de programmes pléthoriques, est inacceptable : la disparité des adaptations sanitaires en lycée renforcera les inégalités de traitement des candidats au baccalauréat et à Parcoursup, déjà bien malmenés par l’importance accrue du contrôle continu qui atteint 40% pour le nouveau baccalauréat. Quel sens peuvent bien avoir ces évaluations de mars, censées être certificatives, avec des programmes qui n’auront pas été bouclés, si ce n’est qu’une tentative désespérée de notre ministre pour sauver sa réforme ?
Le SNES-FSU revendique fermement le report de toutes les épreuves au mois de juin, sous la forme d’un examen terminal national.

Malgré l’épuisement qui se fait jour au sein des équipes alors que le 1er trimestre de l’année scolaire se termine à peine, le SNES-FSU appelle les enseignants à ne pas se laisser imposer des choix locaux dont ils ne seraient pas à l’origine et à peser, collectivement, afin que les conditions d’apprentissage des élèves soient améliorées pour qu’ils ne soient pas victimes d’une rupture d’égalité face à l’obtention du baccalauréat et de l’accès à l’enseignement supérieur.