Alors que 119 élèves supplémentaires seront accueillis à la rentrée 2021 dans les lycées normands, la dotation en heures postes allouée à ces derniers sera en diminution de 79 Equivalents Temps Plein (ETP), en supposant qu’un ETP correspond à un poste de certifié exerçant à temps complet.
Les premières remontées de terrain mettent en évidence les leviers actionnés par le rectorat pour permettre ce tour de vis supplémentaire sur les dotations horaires allouées aux établissements.
D’une part, les taux d’HSA explosent dans la quasi-totalité des lycées, ce qui accentuera encore plus la charge de travail des enseignants déjà débordés par la mise en œuvre des programmes pléthoriques issus de la réforme du lycée. Cela entraîne de nouvelles suppressions de postes ou une multiplication des postes à complément de service qui pourraient souvent être évitées. C’est pourquoi le SNES-FSU appelle les enseignants à refuser collectivement les heures supplémentaires (rappel : un chef d’établissement ne pourra, au plus, imposer à un enseignant que de 2 HSA, pondérations comprises).
D’autre part, dans plusieurs secteurs de l’académie, la carte des formations proposées aux élèves se verra une nouvelle fois restreinte. En voici quelques exemples :
Dans le bassin havrais, les spécialités Musique et Histoire des Arts qui n’étaient respectivement proposées que dans les lycées Porte Océane et Monet seront fermées à la prochaine rentrée, faute de financements suffisants. Alors que l’accès à la culture est fortement restreinte depuis un an avec la fermeture des théâtres, des cinémas et des musées, le rectorat fait maintenant le choix de supprimer l’accès aux spécialités artistiques dans les lycées.
Dans le bassin rouennais, de nombreuses options facultatives sont menacées à cause de DHG insuffisantes : Portugais, Arts Plastiques, Latin et Italien au lycée Vallée du Cailly de Déville-lès-Rouen, Latin et Italien au lycée Maurois d’Elbeuf, …
Cela démontre une nouvelle fois les mensonges du ministre Blanquer qui affirmait lors de la mise en place de la réforme du lycée que les formations seront accessibles à tous les élèves. Les établissements et officines privées sauront tirer profit de cette politique d’abandon du service public d’éducation !
Enfin, lors la sortie injustifiée des lycées de l’Education Prioritaire en 2015, certains établissements avaient jusqu’à présent conservé une dotation complémentaire d’une cinquantaine d’heures leur permettant d’alléger les effectifs dans certains enseignements. En raison de la baisse de la dotation académique, le rectorat fait le choix de supprimer cette dotation complémentaire à la rentrée 2021, ce qui témoigne une fois de plus du mépris de ce gouvernement pour les élèves issus de milieux défavorisés. Rappelons que ces derniers sont les premières victimes des épisodes de confinement et de l’enseignement hybride mis en place à de nombreux endroits.
Le SNES-FSU appelle les enseignants à informer les élèves, les parents, la presse de cette situation et à interpeller les élus (députés, …) sur les conséquences désastreuses de cette politique sur le fonctionnement des établissements scolaires. D’autres choix sont possibles, comme celui d’utiliser pleinement les crédits alloués à l’Education Nationale (en 2020, Blanquer a renoncé à l’utilisation de 212,5 millions d’euros, soit l’équivalent de 4200 postes d’enseignants !).