Communiqué de presse du jeudi 15 décembre
Le week-end dernier, un responsable du parti « Reconquête » a violemment pris à parti publiquement, via les réseaux sociaux, un professeur de l’académie, diffusant une partie de sa séquence pédagogique traitant de la partie du programme d’histoire-géographie de 4e, consacrée aux migrations et aux migrants.
Accusé d’« endoctriner » et de mettre en danger les élèves qui devraient au contraire être « protégés », alors qu’il traitait strictement le programme, le professeur a immédiatement demandé la protection du rectorat et une réaction ferme à l’égard de l’élu et de la famille qui a transmis les documents. En effet, il est du ressort du rectorat de protéger les enseignants dans l’exercice de leurs fonctions. Et il est de la responsabilité de l’administration de rappeler aux familles que les programmes scolaires sont traités dans un cadre réglementaire, le ministre Pap NDiaye lui-même écrivant récemment que l’école républicaine devait être « un lieu d’émancipation qui aide à s’affranchir de tous les déterminismes extérieurs pour faire des élèves des citoyens éclairés. »
La loi du 24 août 2021 confortant les principes de la République, dans son article 36 (rappel ci-dessous), prévoit que de tels agissements sont punis par la loi. Pourtant, malgré nos multiples alertes et interventions, le rectorat refuse de prendre les mesures adéquates et d’agir contre le responsable politique concerné ou d’entrer en contact avec la famille qui a diffusé les documents. Pire encore, la protection du collègue dont les cours ont été diffusés, ainsi que de tous ceux qui pourraient être concernés puisque l’établissement est aisément identifiable et que c’est l’établissement qui est pris à parti, est loin d’être garantie par le rectorat qui s’est contenté à ce jour de déclarations orales. La rectrice de Normandie décide ainsi de laisser les enseignants seuls face à ces violentes attaques et choisit délibérément de permettre à l’extrême-droite de dérouler des discours haineux et extrêmistes contre l’école républicaine et toutes celles et ceux qui la font vivre au quotidien. Aucune leçon ne semble avoir été tirée de précédents événements dramatiques : l’administration refuse une nouvelle fois de prendre ses responsabilités et de protéger ses agents, se dérobant au respect de la loi.
Le SNES-FSU Normandie, pour sa part, ne cessera jamais de combattre l’extrême droite et exige au contraire une réaction ferme du rectorat à l’égard des attaques subies ainsi qu’une protection des collègues à la hauteur de la violence exercée à leur encontre.
Art. 36 de la loi du 24 août 2021 :
« Le fait de révéler, de diffuser ou de transmettre, par quelque moyen que ce soit, des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser aux fins de l’exposer ou d’exposer les membres de sa famille à un risque direct d’atteinte à la personne ou aux biens que l’auteur ne pouvait ignorer est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Lorsque les faits sont commis au préjudice d’une personne dépositaire de l’autorité publique, chargée d’une mission de service public ou titulaire d’un mandat électif public ou d’un journaliste, au sens du deuxième alinéa de l’article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende. »
Mise à jour du 16 décembre
Le rectorat de Normandie n’a finalement pas pu faire autrement que de faire paraître un communiqué de soutien, puisqu’un autre collègue du même établissement a été pris à parti publiquement le jeudi 15 décembre. Ce communiqué de soutien condamne enfin les propos tenus, sans pour autant envisager de poursuites judiciaires à l’égard des auteurs et en passant sous silence l’extrême droite comme l’auteur des attaques.