C’est avec stupeur que bon nombre de collègues de l’Académie de Normandie ont découvert la fermeture partielle des sites académiques disciplinaires en décembre. En cause a priori ? Une nouvelle attaque de la part des réseaux d’extrême-droite qui veulent imposer leur vision obscurantiste et fragiliser l’Éducation Nationale, notamment en raison du volet éducation à la sexualité.
Ces sites académiques existent pour toutes les disciplines enseignées en collège et en lycée et ont vocation à proposer de multiples ressources pédagogiques. Le site des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) proposait donc une rubrique consacrée à l’Éducation à la sexualité, avec des textes officiels, des rapports et beaucoup de documents et de propositions à destination des professeur
es et des élèves.Le 26 novembre, l’officine d’extrême-droite SOS Éducation, par une publication sur X toujours en ligne, dénonce la diffusion par l’Académie de Normandie d’une brochure (sans jamais citer aucune source) à propos des LGBT qui mettrait en danger les enfants.
Dans les jours qui ont suivi, les collègues ont constaté la fermeture des sites académiques, puis leur ré-ouverture mais avec un accès privé, réservé aux seul
es enseignant es qui peuvent s’identifier - alors que ces sites visent à partager et à faire connaître les ressources qu’ils contiennent.Les documents concernant l’Éducation à la Sexualité ne sont pour la plupart plus du tout accessibles, donnant ainsi raison aux obscurantistes et aux réactionnaires qui veulent empêcher l’Éducation à la Sexualité et les programmes à venir d’EVARS (Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle), programmes qui sont bien entendu adaptés à l’âge de chaque élève. Dans les autres académies, les sites disciplinaires sont en accès libre, partagent de nombreuses ressources, et rendent publics des sujets qui nécessitent impérativement un accompagnement pédagogique sérieux et ne peuvent supporter la moindre improvisation ni la moindre approximation lorsqu’on les évoque avec les élèves.
Une nouvelle fois, le Rectorat de l’Académie de Normandie cède donc aux pressions de l’extrême-droite au lieu de défendre les enseignements et les personnels qui les mettent en œuvre.
Refuser d’aborder ces sujets fondamentaux quand un enfant sur dix est victime d’inceste, ce serait porter une lourde responsabilité face à ces violences systémiques qui perdurent. Préférer se taire et dissimuler des ressources scientifiques et pédagogiques qui permettent d’éduquer les enfants et de prévenir les violences sexuelles, c’est donner raison à celles et ceux qui refusent de protéger nos élèves.
Ce n’est pas la première fois que le Rectorat de Normandie préfère céder aux pressions de l’extrême-droite plutôt que de les combattre et de défendre l’ambition des programmes et du caractère émancipateur de l’enseignement. Lorsque des personnels de l’Académie de Normandie sont pris à parti, inquiétés, menacés même, l’institution doit au contraire porter un discours clair, de protection des élèves et des personnels, de prévention de toutes les violences, de lutte contre toutes les discriminations.
Le SNES-FSU condamne avec la plus grande fermeté les offensives réactionnaires contre l’École publique et ses personnels. Il dénonce également l’attitude du Rectorat à l’égard de ces « associations » (SOS Éducation, Parents Vigilants...) qui visent à fragiliser les enseignements et qui mettent en danger les personnels de l’Éducation Nationale. Le SNES-FSU demande que les sites disciplinaires redeviennent des espaces de liberté et de réflexion, qui nourrissent et irriguent la pédagogie des enseignant
es.