La rentrée scolaire 2024 se tient dans un contexte inédit puisqu’une ministre démissionnaire continue à fixer des caps pour l’Éducation Nationale comme si de rien n’était.
Crise de recrutement et manque de personnels
Pourtant, à la rentrée 2024, ce n’est pas seulement un ou une ministre qui manquera à l’appel. Comme depuis plusieurs années maintenant, ce sont surtout de personnels que manqueront les collèges et les lycées normands. Une nouvelle fois, les concours de recrutement n’ont pas fait le plein et presque 15% des postes offerts sont restés vacants. Si l’on fait le total des postes perdus chaque année, l’addition devient préoccupante. Et ce ne sont pas les petites annonces publiées chaque jour sur France Travail par un rectorat de Normandie fébrile qui permettront de régler le problème – aujourd’hui, 29 août, plus de cent postes sont à pourvoir dans le seul second degré, et cela augmente chaque jour. Le recours aux collègues contractuels, trop souvent parachutés dans les classes sans formation ni accompagnement, reste une réponse précaire à la crise de recrutement de nos professions. C’est au contraire de réformes en profondeur dont l’Éducation Nationale a besoin, qui passent par une augmentation des salaires de tous les personnels et une amélioration radicale des conditions de travail.
Dans les collèges : groupes de niveaux et DNB
Dans les collèges, la mise en place des groupes de niveaux en français et en mathématiques devait concerner tous les élèves de 6e et de 5e. Mais professeurs et parents d’élèves ont massivement rejeté cette réforme de tri social et se sont mobilisés l’an dernier de multiples façons (grèves, collèges morts, actions en conseil d’administration, réunions publiques…) pour imposer des groupes hétérogènes. La politique éducative, désavouée par les urnes en juillet, ne pourra pas s’appliquer comme Gabriel Attal l’avait prévue et dans de nombreux collèges, les équipes ont réussi à atténuer les effets désastreux de ce « Choc des savoirs ». Toutefois, les groupes de niveaux existeront dans de trop nombreux établissements et le SNES-FSU continue de demander l’abrogation du Choc des savoirs, dont les conséquences sur les élèves et sur les conditions de travail des collègues sont néfastes.
Les récentes annonces concernant le Diplôme National du Brevet sont floues. S’il est rassurant que son obtention ne soit plus obligatoire pour accéder aux lycées, ce qui entraînerait l’exclusion de nombreux jeunes sans diplôme du système éducatif, les modalités d’évaluation du brevet restent encore beaucoup trop vagues à quelques jours de la rentrée : difficile dans ces conditions de savoir comment préparer les élèves à l’examen et de leur dire comment ils seront évalués en fin d’année.
Dans les lycées : réforme du bac et stages de seconde
Dans les lycées, les ravages de la réforme Blanquer se poursuivent. L’organisation des établissements reste un casse-tête, la pression des élèves soumis au contrôle continu ne faiblit pas, les programmes intenables ne sont toujours pas allégés… Les stages de seconde, initiés l’an dernier sur un coup de tête, ont été un fiasco, comme prévu : cela n’empêche pas la ministre démissionnaire d’annoncer leur poursuite cette année, alors même que la plupart des élèves n’ont pas trouvé de stage ou n’en ont fait que sur le papier.
Face à une réalité accablante, la ministre démissionnaire a fait le choix d’agiter deux chiffons rouges : les quelques écoles qui ont fait le choix d’expérimenter l’uniforme et une prétendue interdiction des téléphones portables au collège (déjà en vigueur depuis plusieurs années !). Ne nous y trompons pas : l’École publique est à un point de bascule et a besoin d’un cap clair dans l’intérêt des élèves et des personnels, non d’un plan de communication qui brandit des gadgets inutiles. Il est urgent d’écouter les personnels qui font l’école au quotidien !