Depuis la reprise des cours en présentiel dans les lycées le lundi 3 mai, les élèves et étudiant
e s de plusieurs établissements de l’académie se mobilisent pour dénoncer les conditions dans lesquelles s’est effectuée leur préparation aux épreuves terminales du baccalauréat (Philosophie, Épreuves Anticipées de Français (EAF), Grand Oral) ou aux épreuves finales de BTS et obtenir leur annulation. En effet, selon la nature des mesures sanitaires mises en œuvre dans l’établissement où ils sont scolarisés, les candidat e s à ces examens ont connu des situations d’enseignement très diverses (cours à 100 % en présentiel ou partiellement en distanciel, programmes plus ou moins avancés, …). Ainsi, différentes opérations allant du sit-in devant l’établissement au blocage des grilles ont été menées cette semaine au niveau des lycées Porte Océane du Havre, Guillaume le Conquérant de Lillebonne, Coubertin de Bolbec, Malherbe et Charles de Gaulle de Caen, lycée expérimental d’Hérouville-Saint-Clair, Littré d’Avranches, Millet, Grignard et Tocqueville de Cherbourg, lycée de la Morandière à Granville.Malgré ces mobilisations naissantes et l’appel de très nombreuses organisations syndicales, dont le SNES-FSU, à la neutralisation du Grand Oral, Blanquer confirme le 5 mai le maintien des épreuves terminales du baccalauréat quasiment en l’état.
Le même soir, dans un courriel de plus de 4 pages envoyé aux chef fes d’établissement et aux professeur es, il justifie son entêtement, sous couvert de « bienveillance et pragmatisme », en mettant en avant « les vertus d’une préparation à des épreuves terminales » qui sont « des clés d’entrée pour les formations du supérieur ».
Il ose parler de « ménager un équilibre » entre contrôle continu et épreuves terminales mais ses « annonces » - maintien des épreuves de Philosophie, des EAF et du Grand oral - ne doivent pas cacher la réalité : l’essentiel du bac Blanquer relève déjà du contrôle continu et renforce l’inégalité entre candidats issus des établissements privés et publics, ce que dénonce le SNES-FSU depuis toujours.
Le ministre dénature complètement l’épreuve de Philosophie et méprise le travail des collègues qui devront corriger des copies dont les notes ne seront pas forcément prises en compte. En effet, seule la meilleure note entre celle du contrôle continu et celle de l’épreuve terminale sera finalement retenue. Les critères de notations pratiquées au cours de l’année étant différents d’un établissement à l’autre, la possibilité de prendre en compte la note de contrôle continu aux dépens de celle de l’épreuve terminale accentuera les inégalités entre candidat
es selon leur établissement d’origine et renforcera le caractère local du baccalauréat. La contradiction avec le fameux « équilibre » est flagrante, celui-ci étant impossible à atteindre.Concernant le Grand Oral, aucune avancée n’est à constater dans les propos du ministre. Contrairement à ce qu’il écrit, nombreux sont les lycéen
Pour mieux préparer les élèves à l’enseignement supérieur, comme semble le souhaiter le ministre, il est plus urgent de finir les programmes.
La troisième partie du Grand Oral relative à l’orientation du candidat n’est pas mentionnée alors qu’elle pose un véritable problème quant à la pertinence d’un tel exercice après les résultats de ParcourSup qui seront déjà connus à l’époque de la passation. En effet, comment un élève qui aurait reçu des réponses négatives peut-il se projeter dans l’avenir et évoquer son projet d’orientation ?
Cette nouvelle épreuve à laquelle s’accroche le ministre, « fleuron » de sa réforme du Baccalauréat est socialement marquée, favorisant les élèves qui peuvent trouver une aide personnelle facilement, ce qui renforcera les inégalités.
Sur un autre plan, la demande faite aux professeur es de renseigner une liste des parties non traitées du programme de Spécialité s’apparente à un énième flicage. La même logique prévaut pour l’oral des EAF, les collègues étant invités à mentionner les points du programme non abordés.
Les élèves, comme les enseignants, seront une nouvelle fois les victimes de ces « aménagements » de façade, décidés dans l’urgence par le ministre de l’Éducation nationale qui n’a qu’une obsession, celle maintenir sa réforme du baccalauréat pourtant dénoncée de toute part. Rappelons que d’autres solutions auraient été possibles si, comme l’a maintes fois demandé le SNES-FSU, Blanquer avait accepté de penser en amont des modalités alternatives à l’organisation des examens et des enseignements, notamment en instaurant un cadrage national des mesures sanitaires à appliquer dans les lycées.