28 septembre 2023

Votre situation

Menaces sur la formation continue : compte-rendu du groupe de travail

Le rectorat organisait jeudi 28 septembre un Groupe de Travail consacré au PRAF 2023-2024 et à la « diversification des modalités et de la temporalité du déploiement des formations ».


Les syndicats de la FSU ont rappelé en préambule leur attachement à une Formation Continue de qualité qui enrichit nos pratiques professionnelles et nos enseignements disciplinaires. Cette Formation Continue doit faire pleinement partie de notre temps de travail, et non empiéter sur notre temps libre, puisqu’elle s’inscrit dans une démarche professionnelle. La Formation Continue doit être un droit pour tous les collègues, dans le respect de nos conditions et de notre temps de travail, comme de ceux des formatrices et formateurs.

En annonçant d’emblée que l’objectif de l’académie de Normandie était de ré-organiser les formations pour qu’elles ne soient plus qu’à 50% sur les temps de « face-à-face pédagogique » (quelle affreuse expression pour désigner la réalité de nos métiers !), le rectorat fait sienne la vision éculée et dégradante de nos métiers, selon laquelle les enseignantes qui ne travaillent pas assez, ou pas vraiment à temps plein. Tout en indiquant que 50 % des formations seront organisées sur du temps du « face à face pédagogique », la mise en avant de l’hybridation des formations et un recours accru au distanciel reviennent à dire que la formation des enseignantes peut se réduire à des tutoriels qu’on regarderait le soir, après sa journée de cours et avant sa soirée de correction. Quel mépris pour nos métiers !

Conditionnement à la formation d’un collègue à son remplacement ou rattrapage d’heures ?

Les convocations émanant de l’EAFC-DIFOR mentionnent depuis la rentrée que « la présence à cette formation ne doit pas entraîner de diminution du temps d’enseignement dû aux élèves ». Nous avons d’abord rappelé que la plupart des heures de cours manquées par les élèves étaient dues à la pénurie d’enseignantes qui empêche le remplacement de nombreuses absences longues. Le volume d’absences généré par la formation est dérisoire dans la scolarité d’un élève – et d’ailleurs, nul n’a su nous répondre sur le nombre d’heures de cours que cela représentait réellement dans l’Académie !
Pour autant, conditionner la formation d’un collègue à son éventuel remplacement ou rattrapage d’heures n’est pas admissible. Et l’on a osé nous répondre que cette phrase n’était pas une injonction, plutôt une incitation à réfléchir, mais qu’elle était sans doute « trop intellectuelle » (sic). Une nouvelle manifestation de la « pensée complexe » chère au gouvernement que, décidément, nous, pauvres enseignantes ne parvenons pas à comprendre !
À aucun moment de cet échange, le rectorat n’a pu nous garantir que les collègues auraient accès aux formations si des heures de cours étaient annulées : c’est bien notre droit à la formation qui est directement menacé.

Formations hors temps de service

Nous avons également interrogé le rectorat sur l’organisation des formations hors temps de service, puisque, pour suivre les recommandations ministérielles, cela doit désormais représenter 50% du temps de formation. Nous avons relayé la colère des formatrices et formateurs, mis devant le fait accompli, leur désarroi d’avoir préparé des formations qui, pour l’instant, sont compromises. Le rectorat n’a, à ce sujet non plus, pas pu formuler de consignes claires, refusant de répondre à nos questions sur la communication faite aux collègues.

Face à l’absence de réponses claires sur le respect de notre temps et de notre charge de travail, les représentantes de la FSU ont fini par quitter la séance. Ils et elles ont rappelé que ces attaques contre la formation constituaient en réalité une attaque majeure contre nos métiers. En considérant que la formation peut avoir lieu en plus de nos heures de travail, le soir, le mercredi après-midi et/ou pendant les vacances scolaires, le rectorat entretient l’image que les enseignantes disposent de temps en plus de leur travail (lequel ? puisque les études de la DEPP estiment notre temps de travail à 43 heures hebdomadaires !). Cela nie tout le travail de préparation, de correction, d’échange avec nos pairs qui occupent une part importante de notre temps de travail et véhicule l’idée que nous ne travaillons pas vraiment quand nous ne sommes pas face aux élèves.

Renvoyer les temps de formation sur un éventuel « temps libre » revient à priver bon nombre de collègues d’un accès à la formation. Cela entretient le cliché qu’enseigner n’est pas un métier qui s’apprend et que la formation est secondaire. In fine, ce sont les élèves qui en subiront les conséquences. Et c’est un nouveau coup porté à l’attractivité de nos métiers.

Le SNES-FSU appelle les collègues formatrices et formateurs à refuser d’organiser des formations sur leur « temps libre » et les aidera dans ce bras de fer qui s’engage avec l’administration. Le SNES-FSU appelle l’ensemble des collègues à ne pas s’inscrire aux actions de formation qui seraient proposées hors du temps de service.

Pour rappel, le mercredi 20 septembre, les syndicats normands de la FSU avaient adressé cette lettre ouverte aux formatrices et formateurs :

Lettre ouverte Formation continue