Très attendues par les personnels de l’Education Nationale, les annonces d’Edouard Philippe et de Jean-Michel Blanquer illustrent une nouvelle fois le mépris du gouvernement pour les professionnels que nous sommes, ainsi que pour les élèves et leurs parents. Si l’annulation de l’épreuve orale du bac de français était ce que les élèves et le SNES-FSU demandaient au ministre depuis des semaines, il est plus que regrettable d’avoir attendu si longtemps pour prendre une décision qui s’imposait pourtant. Le ministre en avait visiblement fait une question d’honneur, et sans accorder la moindre importance au stress engendré chez les élèves et chez les professeurs de Lettres, il a joué avec les nerfs de tous pour finalement se voir imposer, une nouvelle fois, une décision contraire à ses déclarations.

Concernant la réouverture des lycées (toutes les infos pratiques dans cet article), et le retour en classe des élèves de 4e et des 3e, il n’est pas raisonnable de penser qu’en l’annonçant jeudi soir, les élèves pourraient être accueillis dans de bonnes conditions dès mardi matin, après un week-end de trois jours. Mettre en œuvre le protocole sanitaire de façon rigoureuse dans les établissements, préparer l’accueil des élèves après des mois de confinement, repenser une organisation pédagogique, tout cela ne s’improvise pas, et mieux vaut une reprise retardée mais réussie, qu’une reprise précipitée qui risque de mettre en danger les élèves et les personnels. Par ailleurs, puisque les conseils de classe au lycée sont terminés, puisque les épreuves d’examen n’auront pas lieu, puisque très peu d’élèves pourront être accueillis, il faut s’interroger sur le sens de ce retour, et pas seulement l’utiliser comme un élément de communication pour montrer que le déconfinement se passe bien.

D’autre part, le dispositif prévu des 2S2C (Sport, Santé, Culture et Civisme) nous fait craindre le pire. C’est un nouveau cheval de Troie qui entre dans l’école, et permettra aux collectivités territoriales une plus grande main mise sur l’organisation scolaire. Il s’agira en effet, sur temps scolaire, de faire intervenir face aux élèves des personnes extérieures à l’école, de mettre en œuvre des activités et non des enseignements, le tout pour faire croire aux parents que leurs enfants sont à l’école, alors que celle-ci ne peut les accueillir. Si les politiques menées ces dernières années n’avaient pas détruit tant de postes d’enseignants, les élèves pourraient aujourd’hui être accueillis en plus grand nombre. Ce n’est donc pas la crise sanitaire qui prive aujourd’hui les élèves d’école, mais c’est bien la conséquence des politiques d’austérité menées depuis trop longtemps.

Enfin, aucun mot n’a été prononcé à propos de la rentrée de septembre alors qu’il faudrait l’anticiper et la préparer dès maintenant. Le ministre ne doit pas continuer à faire l’autruche sur cette question, mais bien y réfléchir rapidement avec la profession. Le SNES-FSU demande un plan d’urgence pour l’école, rétablissant les postes supprimés, et donnant enfin à l’Education les moyens humains à la hauteur des besoins.