Les DHG des lycées ont été présentées lors du Comité Social d’Administration (CSA) du vendredi 20 janvier dans un contexte où 25 % des postes supprimés nationalement à la prochaine rentrée le sont dans l’académie de Normandie. Selon le rectorat, l’ampleur de ces suppressions est justifiée par la prévision d’une diminution de 778 élèves accueillis dans le second degré public en septembre 2023. Cette baisse démographique ne peut cependant justifier la totalité de ces suppressions de postes dans les lycées.
À cette date, les lycées normands comporteront selon le rectorat 198 élèves de moins qu’à la rentrée 2022 (et 852 élèves de moins par rapport aux effectifs prévus il y a un an pour cette dernière rentrée).
Au lieu de profiter de cette baisse démographique pour améliorer les conditions d’étude des élèves et d’enseignement des professeurs – comme il aurait été possible de le faire en maintenant les DHG actuelles partout où les effectifs attendus sont en diminution – le rectorat effectue de nouvelles ponctions dans la plupart des lycées de l’académie. Ainsi, par rapport aux DHG annoncées en janvier 2022, il y aura à la prochaine rentrée 306 h de moins octroyées pour les lycées de l’académie (voir le tableau ci-dessous recensant les DHG attribuées à chaque établissement).
Les nombreuses dégradations des conditions d’enseignements constatées depuis plusieurs années vont donc perdurer (suppressions de divisions pour surcharger les classes restantes, dédoublements insuffisants ne permettant pas de venir en aide aux élèves en difficultés, suppressions d’options ou lorsqu’elles peuvent être maintenues, non respect des horaires réglementaires et/ou regroupement d’élèves de niveaux différents, …).
Sur les mathématiques :
Dans ces conditions, l’instauration d’un « temps de consolidation et de remédiation, à raison d’une heure par semaine, destiné aux élèves de seconde générale et technologique identifiés comme étant en situation de difficulté » prévue par la note service « Place des mathématiques de l’école au lycée » publiée le 10 janvier 2023 n’est qu’un nouvel effet d’annonce ministériel qui ne trouvera aucune traduction concrète sur le terrain. Preuve en est la méconnaissance du rectorat qui semble avoir découvert en séance l’existence de cette heure de consolidation en mathématiques et nous a finalement répondu qu’elle était à prendre sur la DHG, et donc au détriment d’autre chose !
La réintroduction des mathématiques dans le tronc commun de 1re générale pour les élèves n’ayant pas choisi cette discipline en spécialité n’est actuellement pas financée dans les DHG attribuées aux lycées. Interrogé sur ce point par le SNES-FSU, le rectorat a répondu qu’une dotation complémentaire serait attribuée aux établissements lorsque le nombre d’élèves ne choisissant pas la spécialité mathématiques sera connu. Il aurait pourtant été simple d’estimer ce nombre sur la base des choix de spécialités des élèves les années antérieures (comme cela est fait pour les autres enseignements). Se pose surtout la question de savoir qui prendra en charge les heures correspondant à cet enseignement quand on sait que les postes de mathématiques supprimés en janvier ne pourront pas être réintroduits en juillet.
Sur les Langues anciennes :
Sous couvert de « méthodes pédagogiques innovantes », le ministère tente de contraindre progressivement les établissements à regrouper pour un même niveau, les élèves latinistes et hellénistes dans le dispositif ECLA (Enseignement Conjoint de Langues Anciennes). Ce dispositif, expérimenté dans plusieurs académies et jamais évalué, est surtout l’occasion de limiter les moyens dédiées aux langues anciennes. L’argument prétendant que cela permet de « sauver » l’enseignement du latin et du grec ne tient guère longtemps lorsqu’on regarde attentivement les créneaux horaires sur lesquels sont positionnés ces enseignements dans les emplois du temps des élèves, rendus encore plus complexes depuis la mise en œuvre de la réforme du lycée.
Toujours plus d’HSA
Alors que 740 heures postes (HP) seront supprimées dans les lycées de l’académie, soit l’équivalent de 44 postes (sur la basse 1 poste = 16,81 HP), le nombre d’HSA continue de croître (+434 HSA, soit l’équivalent de presque 26 postes). Bien que selon les statistiques du ministère de l’éducation nationale, les enseignants travaillent déjà en moyenne 43 h par semaine, les taux d’HSA sont encore en augmentation dans la plupart des établissements, y compris dans ceux dont la DHG est pourtant en forte baisse et dont le nombre de postes supprimés est important. De telles situations sont inacceptables et démontrent le peu de considération du rectorat pour ses professeurs malgré l’augmentation inquiétante du nombre de situations de burn-out.
Le SNES-FSU appelle les enseignants à refuser collectivement les heures supplémentaires (par exemple, sous forme de courrier commun adressé au chef d’établissement), en particulier lorsque cela permettrait d’éviter un complément de service ou une suppression de poste pour un collègue. Nous rappelons qu’il ne peut être imposé plus de 2 HSA dans le service des enseignants (pondérations comprises) et que la notion de « face à face pédagogique » souvent mise en avant par les chefs d’établissements pour inciter l’acceptation d’heures supplémentaires n’a aucun fondement réglementaire.
Les outils pour agir
Un guide complet sur la préparation de rentrée est à retrouver dans cet article.
Afin de faciliter le décryptage de chaque DHG présentée, le SNES-FSU met à disposition ci-dessous un tableur et sa notice (qui permettent également de chiffrer facilement par enseignement les besoins horaires qui manqueraient). Le SNES-FSU appelle les professeurs à demander les dotations complémentaires nécessaires à l’aide de motions votées en CA, demande d’audience au rectorat, interpellations médiatiques, pétitions associant les parents d’élèves, … . Lors des conseils d’administration, il appelle à voter CONTRE toutes les répartitions de DHG qui ne permettent pas d’assurer des conditions d’enseignement satisfaisantes.
N’hésitez pas à informer la section académique du SNES-FSU (normandie@snes.edu) des conséquences de la DHG sur votre établissement. Nous soutiendrons toutes les initiatives locales et relaierons auprès du rectorat toutes les demandes complémentaires de dotations, notamment lors des groupes de travail qui se tiendront début mars.