Jusqu’à cette rentrée, jamais le (la) conseiller.e principal.e d’éducation n’avait été personnage central d’un film. La Vie Scolaire de Grand Corps malade et Mehdi Idir, est en cela une première qui témoigne d’une forme de reconnaissance du métier.
Plutôt qu’une critique cinématographique, il est intéressant d’exercer ici notre regard de professionnel sur ce qu’un film donne à voir et à comprendre du métier.
UNE AVENTURE HUMAINE
Les réalisateurs nous plongent dans le quotidien d’un collège en éducation prioritaire de Saint-Denis au travers du regard de Samia (Zita Hanrot), jeune CPE, tout juste débarquée de son Ardèche natale. Nous découvrons avec ce personnage, l’équipe des surveillants, les professeurs ainsi que les collégiens qui tous, au fil des semaines, auront affaire à elle. Sous les dehors d’une comédie, défilent les thématiques qui font le quotidien de nombreuses équipes : absentéisme, décrochage scolaire, perte du sens de l’école, délinquance, vie des quartiers, difficultés sociales des familles, engagement profond de la communauté éducative...
LA DIMENSION ÉDUCATIVE POUR FIL CONDUCTEUR
Dès les premières images, le film sonne juste, sans manichéisme mais avec beaucoup d’humour. L’espace/temps de la « vie scolaire » y est clairement identifié, avec les forces et les faiblesses que nous lui connaissons : l’urgence à différer sans cesse, l’alchimie complexe des "équipes", le contexte particulier de la banlieue et de l’éducation prioritaire.
Malgré des fragilités scénaristiques, il y a peu d’invraisemblances ou de caricatures et beaucoup de CPE pourront se reconnaître dans le personnage de Samia. Les missions et la posture professionnelle sont cernées dans leurs multiples dimensions : écoute, réassurance, foi en l’éducabilité de tous, liens avec les familles, importance du relationnel avec les équipes enseignantes, Psy-En, personnel médico-social...
Cette approche du métier n’est d’ailleurs pas récente et témoigne d’une évolution de son image et des attentes qu’il suscite auprès du « grand public » qui va voir ce film. Ici, point de « manager de l’équipe vie scolaire », de béquille de la direction (bien transparente d’ailleurs), « d’administrateur de la tâche éducative »... mais au contraire, la mise en lumière du suivi éducatif comme cœur du métier de CPE. Une approche sur laquelle la hiérarchie de l’éducation nationale serait bien inspirée de se pencher pour se l’approprier enfin...