L’ombre de Blanquer s’est étalée sur bon nombre d’endroits au fil de ce mandat présidentiel. Et la procédure est désormais connue par tous les collègues : fusées à étages, contresens (la « confiance »…) et surprises de derrière les fagots. L’année passée a vu apparaître, après la transformation des ESPÉ en INSPÉ, les contours de la nouvelle mouture des concours de l’enseignement et de l’Éducation…
Par l’arrêté du 25 janvier 2021, nous connaissons donc les modalités des concours du certificat d’aptitude aux fonctions de conseiller principal d’éducation. Et celles-ci appliquent les poncifs du néo-management à l’œuvre dans la fonction publique dans l’ère macronienne. Entre négation des apports éducatifs de la circulaire de missions de 2015, placement d’un entretien d’embauche en lieu et place d’une épreuve réflexive, et composition de jury où les CPE sont minoritaires, les coups sont rudes pour notre identité professionnelle.
Du suivi individuel et collectif des élèves à l’application de la « politique éducative »
Dans ces épreuves, est cité le référentiel de 2013. Il faut bien tout de même que le concours fasse référence à notre métier. Pourtant LE texte qui le définit depuis 2015, notre circulaire de missions, (qui a été l’occasion pour le SNES-FSU de peser de tout son poids pour valider la conception éducative du métier) est le grand absent des références attendues. De fait, jamais n’est abordé le terme « suivi de l’élève ». Pas plus que la « contribution à la réussite scolaire ». On se borne à examiner les « liens entre vie scolaire et formation de l’élève ».
Un examen de conformité aux attentes de la hiérarchie
La reprise en main de notre profession par le ministère passe par la voie hiérarchique. Nous avions déjà constaté que, depuis quelques années, le nombre de CPE dans le jury diminuait constamment. Dans nombre d’oraux, les candidats ne sont examinés que par des IG/IPR/chefs d’établissements. Pourtant, la nouvelle forme du concours prévoit que les groupes d’examinateurs soient constitués de « deux examinateurs au moins, sans pouvoir excéder quatre examinateurs ». Sans précision des quotités de chaque catégorie d’examinateurs (IG, IPR-EVS, enseignant chercheur, chef d’établissement, CPE, enseignants), l’absence de cadre réglementaire contraignant laisse libre court au ministre qui choisit les membres sur proposition du président de jury.
Par ailleurs, pour la deuxième épreuve d’admission, exit la mise en situation professionnelle appuyée sur un dossier constitué, réfléchi et travaillé par le candidat. Les candidats passeront un entretien sur leurs motivations et leur capacité à se projeter dans le futur. Un entretien d’embauche en somme, comme en témoigne l’arrivée des DRH dans ces entretiens (Art. 4 de cet arrêté). Nous en demandons l’abandon.
Métier, concours, rémunérations : revendiquons la reconnaissance de notre expertise
Le SNES-FSU demande et revendique la présence systématique des CPE dans la composition des jurys et dans la double correction des copies. Il doit être fait appel à l’expertise des pairs pour les épreuves d’admissibilité et d’admission, en allant vers une composition tripartite institutions, CPE et universitaires.
Pour le SNES-FSU, l’identité professionnelle doit guider le concours et la formation. Plutôt que le projet de M. Blanquer de fonder la formation sur la pratique et l’imitation, nous privilégions une approche par les compétences disciplinaires et les capacités réflexives. Le projet que nous portons implique la création d’un véritable corps de formateurs CPE au sein des INSPÉ, d’un corps d’inspection issu des CPE, en lien avec une agrégation d’éducation.